femmes début XVIII siècle (livre en feuilleton)
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La rénovation du site elle, sera plus longue, pour le moment il est remis en route, de nouveaux articles sont et seront mis en ligne, la renovation graphique aura lieu courant 2016 pour un déploiement au plus tard en octobre 2016.
Re: femmes début XVIII siècle (livre en feuilleton)
Messagepar laselve » jeu. 29 août 2013 07:57:37
SUITE
Chapitre XVI -
DU CÔTÉ DE CAMBOULAZET,UNE DAMOISELLE QUI SE LIBÈRE.
Le divorce, tel que nous l'entendons aujourd'hui, c'est-à-dire la dissolution du mariage par des juges civils avec liberté rendue aux partenaires de convoler à nouveau, n'est pas chose possible pendant l'Ancien Régime. Une telle annulation des unions, si on passe sous silence les répudiations ayant pu être en usage dans le monde antique, n'apparaît en France qu'à la Révolution, le Rouergue d'alors semblant avoir été assez peu concerné par cette innovation... encore que l'on puisse repérer une paroissienne de Carcenac-Peyralès ayant divorcé le 22 prairial an X de la République Française (c'est-à-dire en 1802).
Mais le mot "divorce" fut employé auparavant, comme on le voit par exemple à Rodez dans un acte de Me Rudelle. Le 14 octobre 1659, passent un accord devant ce notaire ruthénois Ambroise Bousquet, marchand verrier, et Marie Salamone, mariés, habitant Rodez, lesquels ayant vescu despuis leur mariage avec grande dificulté et incompatibilité d'humeur, à leur grand regret comme ils ont dit, et ne pouvant plus se supporter l'un l'autre et vivre ensemble, et désirant chacun d'eux son repos particulier.. ont convenu et accordé faire divorse et vivre doresnavant et désormais séparément...
Selon l'acte de Me Rudelle, Ambroise Bousquet consent que sa femme parte vivre auprès de sa mère, à Mostuéjouls, ou bien qu'elle s'installe à Millau, près de ses parens. Il se dit assuré qu'elle vivra et se comportera comme elle a toujours fait en femme de bien et d'honneur. Il renonce à toute prétention sur ce qu'elle pourrait gagner. Quant à l'épouse, Marie Salamone, elle veult et consent que led. Bosquet son mary vive séparé de sa compagnie où bon lui semblera. Elle précise qu'elle a bien retiré ses robes et joyaux, mais n'est fait aucune allusion à une reprise de dot, si dot il y a eu.
En revanche, à icelle fin que lad Salamone puisse subvenir à son entretiènement et faire quelque petit commerce de son industrie, Ambroise Bosquet lui délivre un petit capital, formé de diverses créances sur des tiers, faisant en tout soixante dix sept livres quatre sols, ce qui, alors, équivaut à peu près au prix d'un beau cheval.
Le désaccord virant à la discorde, au sein d'un ménage, ne date pas d'aujourd'hui. La chose existait jadis comme à présent, et on peut, outre le cas ci-dessus, citer le couple formé par François Boyer de Laboyrie, seigneur du Fraysse paroisse de Boussac, et Anthoinette d'Hébrard, fille du seigneur de Carmaux. Ils se marient en 1615. En 1620 la chicane paraît fortement installée entre les deux conjoints. Le mari accuse notamment son épouse d'adultère, un délit qui en ce temps-là peut conduire toute femme à être enfermée dans un couvent pour le reste de sa vie. En 1632 cependant, un accord va intervenir entre François de la Boyrie et son beau-père, Hercule d'Hébrard. L'épouse, Anthoinette, reçoit un logement séparé dans le château de la Coste de Mayran, ainsi qu'une pension comme contrepartie de sa dot, quelques commodités facilitant sa vie courante lui étant en sus consenties.( )
REPÈRES
BRÈVE HISTOIRE DU DROIT DE SE SÉPARER
Sous l'Ancien Régime, en France comme dans tous les pays où la Religion Réformée n'avait pas conquis de position majeure, le droit canonique imposait l'indissolubilité du mariage, sauf existence d'empêchemens dirimans. Cependant, dans le but de protéger la femme, il lui donnait la possibilité de mettre fin à une cohabitation intolérable par une séparation de corps, toute nouvelle union étant bien entendu impossible.
Avec la Révolution, le mariage devient un contrat purement civil, et le divorce est alors institué pour mettre fin aux unions mal assorties. Aussitôt, les abus s'installent : on va divorcer pour voler, quasiment, la dot de son épouse que l'on rembourse avec des assignats, autrement dit en monnaie de singe ; ou encore on divorce pour épouser une personne âgée, afin de recueillir son héritage ; etc... Aussi, en 1803, le Code Civil tente-t-il de concilier, d'un côté la tradition, et de l'autre les aspirations à de nouvelles libertés. Le divorce est rendu plus difficile. Il doit être demandé par l'un des conjoints et il n'est accepté que s'il y a faute grave de l'autre. Le concept de séparation de corps, par ailleurs, est rétabli.
A la Restauration, la religion catholique redevient religion d'Etat. Le divorce est aboli par la loi du 8 mai 1816. Malgré une courte remise en débat en 1830, il ne réapparaît qu'en 1884, dans un esprit voisin de celui qui avait prévalu pour le Code Civil.
Quatre causes en sont admises : l'adultère, la condamnation à une peine criminelle, les excès et les sévices, les injures graves. Le flou entourant l'idée de "sévices et injures graves" aura pour conséquence d'introduire, dans la pratique, une certaine souplesse dans les dissolutions de mariages.
En 1975, enfin, la législation est largement modifiée, établissant le droit actuel, où le divorce n'est plus une sanction contre l'un des conjoints, mais un simple constat d'échec d'un projet de vie à deux.
Une nouvelle évolution est actuellement en gestation.
Revenant à l'Ancien Régime, les séparations de corps, avec séparation de biens, selon les registres de jurisprudence d'alors, résultent d'une décision de justice, et non d'un simple accord entre les parties devant notaire, comme dans l'acte de Me Rudelle évoqué ci-contre. Pour disjoindre les couples, explique un juriste, le juge doit se tenir en un sage milieu entre une molle indulgence et une rigueur outrée. Ses considérations à propos des mauvais traitements du mari à la femme, qui paraissent être la cause principale des séparations de corps, méritent d'être citées, car bien caractéristiques de l'esprit du temps :
... tels faits qui sont insuffisans pour séparer des époux de la lie du peuple, prennent entre personnes d'un état plus ou moins relevé, un caractère de gravité qui peut devenir un moyen légitime de Séparation. Les uns, nés dans la bassesse, ont contracté des moeurs et un genre de vie conforme à leur état. Accoutumés dès l'enfance à un langage grossier, les propos les plus outrageans les trouvent presque toujours insensibles ; les emportemens d'un mari brutal ne laissent aucune trace de ressentiment dans le coeur d'une femme, et le calme le plus profond succède toujours à ces orages passagers. Les autres, au contraire, élevés avec tendresse et douceur au sein de l'opulence, sont délicats et sensibles à l'excès pour eux, rien n'est innocent ; un geste, un regard sont des outrages ; souvent un seul mot s'imprime et se perpétue dans leur pensée ; ce sont moins les paroles que l'intention qui les offensent ; et les discours en apparence les moins outrageans sont pour leur coeur des pointes déchirantes ; elles y laissent des cicatrices qui ne se ferment jamais. De là, ces longs ressentimens, ces haines irréconciliables, qui plus d'une fois ont rendu deux époux insupportables l'un à l'autre et leur Séparation nécessaire.
A SUIVRE
Chapitre XVI -
DU CÔTÉ DE CAMBOULAZET,UNE DAMOISELLE QUI SE LIBÈRE.
Le divorce, tel que nous l'entendons aujourd'hui, c'est-à-dire la dissolution du mariage par des juges civils avec liberté rendue aux partenaires de convoler à nouveau, n'est pas chose possible pendant l'Ancien Régime. Une telle annulation des unions, si on passe sous silence les répudiations ayant pu être en usage dans le monde antique, n'apparaît en France qu'à la Révolution, le Rouergue d'alors semblant avoir été assez peu concerné par cette innovation... encore que l'on puisse repérer une paroissienne de Carcenac-Peyralès ayant divorcé le 22 prairial an X de la République Française (c'est-à-dire en 1802).
Mais le mot "divorce" fut employé auparavant, comme on le voit par exemple à Rodez dans un acte de Me Rudelle. Le 14 octobre 1659, passent un accord devant ce notaire ruthénois Ambroise Bousquet, marchand verrier, et Marie Salamone, mariés, habitant Rodez, lesquels ayant vescu despuis leur mariage avec grande dificulté et incompatibilité d'humeur, à leur grand regret comme ils ont dit, et ne pouvant plus se supporter l'un l'autre et vivre ensemble, et désirant chacun d'eux son repos particulier.. ont convenu et accordé faire divorse et vivre doresnavant et désormais séparément...
Selon l'acte de Me Rudelle, Ambroise Bousquet consent que sa femme parte vivre auprès de sa mère, à Mostuéjouls, ou bien qu'elle s'installe à Millau, près de ses parens. Il se dit assuré qu'elle vivra et se comportera comme elle a toujours fait en femme de bien et d'honneur. Il renonce à toute prétention sur ce qu'elle pourrait gagner. Quant à l'épouse, Marie Salamone, elle veult et consent que led. Bosquet son mary vive séparé de sa compagnie où bon lui semblera. Elle précise qu'elle a bien retiré ses robes et joyaux, mais n'est fait aucune allusion à une reprise de dot, si dot il y a eu.
En revanche, à icelle fin que lad Salamone puisse subvenir à son entretiènement et faire quelque petit commerce de son industrie, Ambroise Bosquet lui délivre un petit capital, formé de diverses créances sur des tiers, faisant en tout soixante dix sept livres quatre sols, ce qui, alors, équivaut à peu près au prix d'un beau cheval.
Le désaccord virant à la discorde, au sein d'un ménage, ne date pas d'aujourd'hui. La chose existait jadis comme à présent, et on peut, outre le cas ci-dessus, citer le couple formé par François Boyer de Laboyrie, seigneur du Fraysse paroisse de Boussac, et Anthoinette d'Hébrard, fille du seigneur de Carmaux. Ils se marient en 1615. En 1620 la chicane paraît fortement installée entre les deux conjoints. Le mari accuse notamment son épouse d'adultère, un délit qui en ce temps-là peut conduire toute femme à être enfermée dans un couvent pour le reste de sa vie. En 1632 cependant, un accord va intervenir entre François de la Boyrie et son beau-père, Hercule d'Hébrard. L'épouse, Anthoinette, reçoit un logement séparé dans le château de la Coste de Mayran, ainsi qu'une pension comme contrepartie de sa dot, quelques commodités facilitant sa vie courante lui étant en sus consenties.( )
REPÈRES
BRÈVE HISTOIRE DU DROIT DE SE SÉPARER
Sous l'Ancien Régime, en France comme dans tous les pays où la Religion Réformée n'avait pas conquis de position majeure, le droit canonique imposait l'indissolubilité du mariage, sauf existence d'empêchemens dirimans. Cependant, dans le but de protéger la femme, il lui donnait la possibilité de mettre fin à une cohabitation intolérable par une séparation de corps, toute nouvelle union étant bien entendu impossible.
Avec la Révolution, le mariage devient un contrat purement civil, et le divorce est alors institué pour mettre fin aux unions mal assorties. Aussitôt, les abus s'installent : on va divorcer pour voler, quasiment, la dot de son épouse que l'on rembourse avec des assignats, autrement dit en monnaie de singe ; ou encore on divorce pour épouser une personne âgée, afin de recueillir son héritage ; etc... Aussi, en 1803, le Code Civil tente-t-il de concilier, d'un côté la tradition, et de l'autre les aspirations à de nouvelles libertés. Le divorce est rendu plus difficile. Il doit être demandé par l'un des conjoints et il n'est accepté que s'il y a faute grave de l'autre. Le concept de séparation de corps, par ailleurs, est rétabli.
A la Restauration, la religion catholique redevient religion d'Etat. Le divorce est aboli par la loi du 8 mai 1816. Malgré une courte remise en débat en 1830, il ne réapparaît qu'en 1884, dans un esprit voisin de celui qui avait prévalu pour le Code Civil.
Quatre causes en sont admises : l'adultère, la condamnation à une peine criminelle, les excès et les sévices, les injures graves. Le flou entourant l'idée de "sévices et injures graves" aura pour conséquence d'introduire, dans la pratique, une certaine souplesse dans les dissolutions de mariages.
En 1975, enfin, la législation est largement modifiée, établissant le droit actuel, où le divorce n'est plus une sanction contre l'un des conjoints, mais un simple constat d'échec d'un projet de vie à deux.
Une nouvelle évolution est actuellement en gestation.
Revenant à l'Ancien Régime, les séparations de corps, avec séparation de biens, selon les registres de jurisprudence d'alors, résultent d'une décision de justice, et non d'un simple accord entre les parties devant notaire, comme dans l'acte de Me Rudelle évoqué ci-contre. Pour disjoindre les couples, explique un juriste, le juge doit se tenir en un sage milieu entre une molle indulgence et une rigueur outrée. Ses considérations à propos des mauvais traitements du mari à la femme, qui paraissent être la cause principale des séparations de corps, méritent d'être citées, car bien caractéristiques de l'esprit du temps :
... tels faits qui sont insuffisans pour séparer des époux de la lie du peuple, prennent entre personnes d'un état plus ou moins relevé, un caractère de gravité qui peut devenir un moyen légitime de Séparation. Les uns, nés dans la bassesse, ont contracté des moeurs et un genre de vie conforme à leur état. Accoutumés dès l'enfance à un langage grossier, les propos les plus outrageans les trouvent presque toujours insensibles ; les emportemens d'un mari brutal ne laissent aucune trace de ressentiment dans le coeur d'une femme, et le calme le plus profond succède toujours à ces orages passagers. Les autres, au contraire, élevés avec tendresse et douceur au sein de l'opulence, sont délicats et sensibles à l'excès pour eux, rien n'est innocent ; un geste, un regard sont des outrages ; souvent un seul mot s'imprime et se perpétue dans leur pensée ; ce sont moins les paroles que l'intention qui les offensent ; et les discours en apparence les moins outrageans sont pour leur coeur des pointes déchirantes ; elles y laissent des cicatrices qui ne se ferment jamais. De là, ces longs ressentimens, ces haines irréconciliables, qui plus d'une fois ont rendu deux époux insupportables l'un à l'autre et leur Séparation nécessaire.
A SUIVRE
« S'il fallait étudier toutes les lois, on n'aurait pas le temps de les transgresser.»
( Goethe )
( Goethe )
Re: femmes début XVIII siècle (livre en feuilleton)
Messagepar laselve » mer. 04 sept. 2013 06:53:00
SUITE
Sortir de ces discordes n'est pas simple. Au temps des rois, des séparations de corps sont cependant possibles, et c'est avec ce sens-là qu'il faut sans nul doute interpréter le terme de divorse, employé dans l'acte de Me Rudelle.
Les motifs invocables par la femme pour obtenir une séparation de corps sont les mauvais traitements, la diffamation, l'indignité du mari... mais pas la survenance de folie ou autres maladies, hormis, disent certains juristes, le cas éventuel de transmission de maladies vénériennes. Mais alors qu'un homme peut obtenir d'être séparé de sa conjointe pour cause d'adultère, une femme ne le peut, car les infidélités qu'un mari fait à sa femme en entretenant avec d'autres un commerce illicite... ne sont pas une cause valable.
L'Eglise cependant, dans le très chrétien royaume de France, accepte d'aller plus loin que la séparation de corps et d'abolir totalement un mariage, mais uniquement – au moins en théorie – dans des cas bien répertoriés, qui rendent sa célébration nulle. Les différents rituels n'adoptent pas tous la même présentation, les textes les plus clairs identifiant quatorze situations qui générent des empêchements qualifiés de dirimans et dissolvans. Il s'agit par exemple de certains liens de parenté, de différences de religion, etc...
Les empêchements canoniques font l'objet d'un développement, p. 210.
Or au cœur du Ségala, dans les premiers temps du XVII' siècle, nous est connu un cas de dissolution de mariage pour une cause rarement rencontrée, et admise par le droit canonique : l'impuissance de l'époux. L'héroïne en est Françoise de Cassagnes, seigneuresse des Crouzets paroisse de Camboulazet. Le combat qu'elle va mener pour se retrouver libre donne un éclairage intéressant sur l'esprit du temps.
Qui était cette Françoise de Cassagnes ? Damoiselle ou dame ? Plutôt damoiselle, selon les écrits des notaires...
On est loin de tout savoir d'elle. Elle est fille de Clémens de Cassagnes, un puîné des Cassagnes du Cayla de Moyrazès, qui a acheté la seigneurie des Crouzets en 1578, lorsque cette terre – bénéfice de l'évêque de Rodez –fut vendue par l'Eglise, aux fins de renflouer le trésor royal mis à mal par les Guerres de Religion. Elle va hériter des Crouzets.
Sans doute est-elle née entre 1585 et 1590, mais on ignore qui est sa mère, probablement décédée alors que sa fille est bébé. Quelques années plus tard, entre 1592 et 1594, Clémens de Cassagnes meurt lui aussi, et Françoise se retrouve donc également orpheline de père. Elle a, du côté maternel, des amarres vers Montrozier, comme le prouve un testament qu'elle dicte en 1606 à un notaire de ce lieu, où elle est dite seigneuresse des Crozets et de Laguarrigue, habitante au château de Montrozier, paroisse de Trébosc du pays de Rouergue.
Mais elle n'a été élevée ni par sa parentèle maternelle, ni par des Cassagnes, sa famille du côté paternel. Car elle est recueillie par Madame d'Arpajon et passe donc son enfance dans l'orbite de cette grande famille du Rouergue. Cette phase de sa jeunesse explique notamment que la protection du puissant duc d'Arpajon lui ait été assurée sa vie durant, et d'ailleurs, comme contrepartie de ce dont elle est redevable à ce puissant personnage, la seigneurie des Crouzets reviendra au duc, au décès de Françoise, vers 1650.
C'est également aux Arpajon, sans doute, qu'elle doit son mariage raté. Car on lui fait épouser un domestique de la maison Arpajon : Jacques de Sales, sieur de Boissans, appartenant très probablement à la cour locale de ces grands seigneurs rouergats. Il semble que du côté de la parentèle de Françoise on ait résisté, à cause des inégalités, mais malgré le peu d'enthousiasme de la famille, cette union est cependant conclue.
Françoise de Cassagnes a treize ans lorsqu'on lui donne ainsi époux.
C'est à Sévérac, près le château des Arpajon, que le mariage a été célébré. Une fois la noce passée, pour ce qui est des effets du mari, Sales n'en rend point. On ramène alors l'épouse dans la maison de son père, aux Crouzets, en espérant sans doute que le bon air de la paroisse de Camboulazet aura une influence revigorante sur les capacités du mâle. Bernique ! Tous ces remuements n'apportent point de ramendement.
Le recueil de jurisprudence évoquant les différents procès que soutint Françoise de Cassagnes résume de la sorte la question en débat : ... voici un mari et une femme qui ne peuvent cohabiter ensemble ; le mari prétend qu'elle est inhabile, la femme qu'il est impuissant
la femme nie l'inhabilité, elle est visitée, on la trouve vierge ; le mari accorde l'impuissance, mais il accuse la femme de l'avoir charmé...
Jean de Sales, le mari, considère donc qu'il est ensorcelé.
REPÈRES
POUR NOUER L'AIGUILLETTE...
Aïez la verge d'un loup nouvellement tué, et étant proche de la porte de celui que vous voudrez lier, vous l'appellerez par son nom et aussi tôt qu'il aura répondu vous lierez ladite verge de loup avec un lacet de fil blanc, et il sera rendu si impuissant à l'acte de Vénus, qu'il ne le seroit pas davantage s'il étoit châtré. De bonnes expériences ont fait connoître que pour remédier et même pour empêcher cette espèce d'enchantement, il n'y a qu'à porter un anneau dans lequel soit enchassé l'oeil droit d'une belette.
PETIT ALBERT
Il fait venir quelques sorciers qui .font des imprécations diaboliques contre les charmes. Rien n'y fait. Peu conscient, sans doute, du fort caractère de sa femme et pensant la dominer facilement, il l'assigne en mai 1602 devant l'Official, c'est-à-dire le tribunal ecclésiastique de l'évêque de Rodez.
Auprès de l'Official, le mari soutenoit que sa femme l'avoit lié. Il fait procès pour qu'elle soit jugée inhabile. A la demande de cette juridiction, le sieur et la damoiselle sont visités par des chirurgiens et médecins... (qui) rapportent qu'elle était vierge et entière.
A la suite de l'arrêt de l'Official de Rodez qui lui est défavorable, Françoise de Cassagnes va porter l'affaire en appel. Le Parlement de Toulouse en est saisi, et c'est à ce titre que le cas fera jurisprudence et que nous le connaissons. En effet, dit l'arrêt de ce tribunal, lorsque le charme vient d'un tiers, l'Official en connaît... lorsqu'il vient des mariés eux-même, le juge laïque doit en connaître...
Autrement dit, s'il y a sorcellerie, cela relève de l'Eglise ; s'il y a impuissance naturelle, la justice humaine peut dire le droit. Or pour ceux qui sont froids, ou de naissance ou autrement, ils ne peuvent contracter mariage, et s'ils le font, le mariage se dissout par défaut de consommation, rappelle le Parlement. En conséquence, il dit que la cause a été mal et abusivement décrétée et exécutée par l'Official.
A SUIVRE
Sortir de ces discordes n'est pas simple. Au temps des rois, des séparations de corps sont cependant possibles, et c'est avec ce sens-là qu'il faut sans nul doute interpréter le terme de divorse, employé dans l'acte de Me Rudelle.
Les motifs invocables par la femme pour obtenir une séparation de corps sont les mauvais traitements, la diffamation, l'indignité du mari... mais pas la survenance de folie ou autres maladies, hormis, disent certains juristes, le cas éventuel de transmission de maladies vénériennes. Mais alors qu'un homme peut obtenir d'être séparé de sa conjointe pour cause d'adultère, une femme ne le peut, car les infidélités qu'un mari fait à sa femme en entretenant avec d'autres un commerce illicite... ne sont pas une cause valable.
L'Eglise cependant, dans le très chrétien royaume de France, accepte d'aller plus loin que la séparation de corps et d'abolir totalement un mariage, mais uniquement – au moins en théorie – dans des cas bien répertoriés, qui rendent sa célébration nulle. Les différents rituels n'adoptent pas tous la même présentation, les textes les plus clairs identifiant quatorze situations qui générent des empêchements qualifiés de dirimans et dissolvans. Il s'agit par exemple de certains liens de parenté, de différences de religion, etc...
Les empêchements canoniques font l'objet d'un développement, p. 210.
Or au cœur du Ségala, dans les premiers temps du XVII' siècle, nous est connu un cas de dissolution de mariage pour une cause rarement rencontrée, et admise par le droit canonique : l'impuissance de l'époux. L'héroïne en est Françoise de Cassagnes, seigneuresse des Crouzets paroisse de Camboulazet. Le combat qu'elle va mener pour se retrouver libre donne un éclairage intéressant sur l'esprit du temps.
Qui était cette Françoise de Cassagnes ? Damoiselle ou dame ? Plutôt damoiselle, selon les écrits des notaires...
On est loin de tout savoir d'elle. Elle est fille de Clémens de Cassagnes, un puîné des Cassagnes du Cayla de Moyrazès, qui a acheté la seigneurie des Crouzets en 1578, lorsque cette terre – bénéfice de l'évêque de Rodez –fut vendue par l'Eglise, aux fins de renflouer le trésor royal mis à mal par les Guerres de Religion. Elle va hériter des Crouzets.
Sans doute est-elle née entre 1585 et 1590, mais on ignore qui est sa mère, probablement décédée alors que sa fille est bébé. Quelques années plus tard, entre 1592 et 1594, Clémens de Cassagnes meurt lui aussi, et Françoise se retrouve donc également orpheline de père. Elle a, du côté maternel, des amarres vers Montrozier, comme le prouve un testament qu'elle dicte en 1606 à un notaire de ce lieu, où elle est dite seigneuresse des Crozets et de Laguarrigue, habitante au château de Montrozier, paroisse de Trébosc du pays de Rouergue.
Mais elle n'a été élevée ni par sa parentèle maternelle, ni par des Cassagnes, sa famille du côté paternel. Car elle est recueillie par Madame d'Arpajon et passe donc son enfance dans l'orbite de cette grande famille du Rouergue. Cette phase de sa jeunesse explique notamment que la protection du puissant duc d'Arpajon lui ait été assurée sa vie durant, et d'ailleurs, comme contrepartie de ce dont elle est redevable à ce puissant personnage, la seigneurie des Crouzets reviendra au duc, au décès de Françoise, vers 1650.
C'est également aux Arpajon, sans doute, qu'elle doit son mariage raté. Car on lui fait épouser un domestique de la maison Arpajon : Jacques de Sales, sieur de Boissans, appartenant très probablement à la cour locale de ces grands seigneurs rouergats. Il semble que du côté de la parentèle de Françoise on ait résisté, à cause des inégalités, mais malgré le peu d'enthousiasme de la famille, cette union est cependant conclue.
Françoise de Cassagnes a treize ans lorsqu'on lui donne ainsi époux.
C'est à Sévérac, près le château des Arpajon, que le mariage a été célébré. Une fois la noce passée, pour ce qui est des effets du mari, Sales n'en rend point. On ramène alors l'épouse dans la maison de son père, aux Crouzets, en espérant sans doute que le bon air de la paroisse de Camboulazet aura une influence revigorante sur les capacités du mâle. Bernique ! Tous ces remuements n'apportent point de ramendement.
Le recueil de jurisprudence évoquant les différents procès que soutint Françoise de Cassagnes résume de la sorte la question en débat : ... voici un mari et une femme qui ne peuvent cohabiter ensemble ; le mari prétend qu'elle est inhabile, la femme qu'il est impuissant
la femme nie l'inhabilité, elle est visitée, on la trouve vierge ; le mari accorde l'impuissance, mais il accuse la femme de l'avoir charmé...
Jean de Sales, le mari, considère donc qu'il est ensorcelé.
REPÈRES
POUR NOUER L'AIGUILLETTE...
Aïez la verge d'un loup nouvellement tué, et étant proche de la porte de celui que vous voudrez lier, vous l'appellerez par son nom et aussi tôt qu'il aura répondu vous lierez ladite verge de loup avec un lacet de fil blanc, et il sera rendu si impuissant à l'acte de Vénus, qu'il ne le seroit pas davantage s'il étoit châtré. De bonnes expériences ont fait connoître que pour remédier et même pour empêcher cette espèce d'enchantement, il n'y a qu'à porter un anneau dans lequel soit enchassé l'oeil droit d'une belette.
PETIT ALBERT
Il fait venir quelques sorciers qui .font des imprécations diaboliques contre les charmes. Rien n'y fait. Peu conscient, sans doute, du fort caractère de sa femme et pensant la dominer facilement, il l'assigne en mai 1602 devant l'Official, c'est-à-dire le tribunal ecclésiastique de l'évêque de Rodez.
Auprès de l'Official, le mari soutenoit que sa femme l'avoit lié. Il fait procès pour qu'elle soit jugée inhabile. A la demande de cette juridiction, le sieur et la damoiselle sont visités par des chirurgiens et médecins... (qui) rapportent qu'elle était vierge et entière.
A la suite de l'arrêt de l'Official de Rodez qui lui est défavorable, Françoise de Cassagnes va porter l'affaire en appel. Le Parlement de Toulouse en est saisi, et c'est à ce titre que le cas fera jurisprudence et que nous le connaissons. En effet, dit l'arrêt de ce tribunal, lorsque le charme vient d'un tiers, l'Official en connaît... lorsqu'il vient des mariés eux-même, le juge laïque doit en connaître...
Autrement dit, s'il y a sorcellerie, cela relève de l'Eglise ; s'il y a impuissance naturelle, la justice humaine peut dire le droit. Or pour ceux qui sont froids, ou de naissance ou autrement, ils ne peuvent contracter mariage, et s'ils le font, le mariage se dissout par défaut de consommation, rappelle le Parlement. En conséquence, il dit que la cause a été mal et abusivement décrétée et exécutée par l'Official.
A SUIVRE
« S'il fallait étudier toutes les lois, on n'aurait pas le temps de les transgresser.»
( Goethe )
( Goethe )
Re: femmes début XVIII siècle (livre en feuilleton)
Messagepar laselve » lun. 09 sept. 2013 08:00:54
SUITE
REPÈRES
QUELLES PREUVES À PROPOS D'IMPUISSANCE...
Au vu des différents livres de jurisprudence des temps d'Ancien Régime, il semble bien que l'Eglise, pour accepter de dissoudre un mariage pour cause d'impuissance, se soit longtemps contentée d'une déclaration des deux époux attestant sa non-consommation, les dires de ces époux étant simplement appuyés par des témoins de moralité se portant garant de la qualité de leur parole. Cela ouvrait la porte, évidemment, à des annulations de complaisance.
Aussi les preuves "physiques" sont-elles recherchées après que le concile de Trente ait installé de la rigueur dans les actes de l'Eglise. Un examen simple peut éventuellement apporter la preuve de la virginité de la femme ou de quelques uns des motifs d'impuissance chez l'homme. Mais la démonstration de "l'efficacité" du mâle, si elle s'avère nécessaire, est chose plus délicate. Les recueils de jurisprudence en parlent de façon ampoulée, tant il est difficile de rester bienséant en cette matière. La dignité ecclésiastique s'opposant à ce que ce type d'examen soit fait par des clercs, les tribunaux ecclésiastiques commettent donc pour ce faire des médecins et chirurgiens.
Pour rester simple, disons que cette "efficacité" tient en trois mots :
1- ériger
2- entrer
3- mouiller.
Il semble que pour le point 1, on laisse une certaine liberté au sujet pour apporter la preuve de ses capacités. Pour le point 2, la certitude est on ne peut plus délicate à obtenir, car l'épouse est en droit de refuser de servir de partenaire au milieu d'un corps d'observateurs, sans compter que la présence de ces observateurs peut aussi influer sur la performance ; or faire appel à une autre "opératrice" serait un 'péché. Il en est de même pour le point 3 : polluer autrement que pour procréer est un péché.
... Car Françoise s'est accrochée à faire valoir son droit. Si son mari est impuissant, elle n'y est pour rien, dit-elle. Elle est faite comme une autre et aussi capable qu'une autre. Elle ne se veut pas provocatrice, mais simplement libre. Son avocat est éloquent :
...ce cruel et cet ingrat, j'ai demeuré près de lui pendant sept années, mariée et néanmoins sans mari, j 'ai supporté ses imperfections, je l'eusse fait jusqu'au décès ; mais c'est lui qui m'a appelée en justice ; il a intenté l'action de divorce et m'a diffamée par tout le pays ; il est cause que j'ai rougi cent fois et cent fois à ce barreau ; il a trompé ma jeunesse, joui de mon service, ...chevi (—s'est rendu maître) de mes biens ; et non content de tout cela, après les avoir divizez et partagez... il a encore voulu par le moyen de cette accusation se rassasier de mon sang, m'avoir la vie, m'emporter l'honneur...
Des femmes, au temps des rois, subissant n'importe quel époux... ? Pas forcément ! Au bout du compte, le mariage fut dissous et l'un et l'autre des conjoints se pourvurent ailleurs.
Ce qui frappe, dans cette suite de procès, c'est moins la façon dont ils se sont enchaînés ou déroulés, que ce que l'on imagine de l'atmosphère qui les a entourés. Il y a quelque chose d'admirable à voir cette toute jeune femme, victime d'un mariage arrangé, prendre ainsi en main son destin.
Car Françoise de Cassagnes ne veut pas se soumettre à l'autorité masculine, dominante en ce temps-là, et c'est une attitude bien moins admise et moins aisée qu'à présent. Du côté des hommes, on a cherché à faire de cette jeune femme une coupable, et au-delà, à obtenir contre elle des sanctions la privant de ses biens et de sa liberté. Les accusations portées contre elle, comme les conseils qu'elle peut recevoir, vont dans le même sens. Ainsi, dans la relation qui nous est faite de son affaire, il est question d'un ecclésiastique de sa famille, qui fait équipe avec le mari pour la persuader de se rendre dans un cloître... Elle est toute ébahie qu'on ne lui parle que de la vie monastique et du bonheur de ceux qui la suivent. Ils se découvrent encore plus avant et luy font entendre qu'elle étoit incapable de mariage et que son meilleur seroit de consentir à la dissolution et de se faire religieuse ; qu'ils prendroint bien soin de ses biens et luy en feroint une bonne pension.
Oui mais... c'était oublier que Françoise de Cassagnes avait de la personnalité. Certains diront qu'il faut voit là l'effet de ses racines familiales, à Moyrazès, au Cayla, planté à levers (= à l'ubac), sachant que tout ço que nais à l'evers est rani (=tout ce qui pousse à l'ubac est rude, tenace, teigneux) ...à moins que d'autres n'y voient la conséquence de l'air dynamisant de Camboulazet. Au delà de telles pirouettes, on observe, lorsque l'on consulte les registres de tribunaux ou les livres de jurisprudence, que les personnes qui peuvent faire valoir leur droit à des niveaux de juridiction élevés comme l'était le Parlement de Toulouse, sont majoritairement de milieu aisé. Prospérité est mère de justice. Les temps présents nous ont assez appris qu'il n'y a rien de mieux que de créer de la prospérité pour voir s'accroître le champ de respect auquel chaque individu aspire.
Ici, la stature "économique" de Françoise était bonne. Elle était donc en situation de se battre. Elle avait aussi du caractère. Elle voulait reprendre sa liberté. Elle l'a fait.
Remerciements
Comme en écho à deux vers du sage Boileau :
"Sais-tu dans quels périls aujourd'hui tu t'engages?
Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages.."
l'auteur a eu le privilège d'être bien alerté : "...un livre sur les femmes ? Mais vous n'y pensez pas ! Rappelez vous ce mot célèbre... : parler aux femmes est assez facile, mais en parler est devenu bien difficile." D'aucunes, en effet, ont prévenu qu'elles se plaçaient en embuscade : "...hum... un homme qui écrit sur les femmes... On se méfie... Faites bien attention à ce que vous allez dire !"
Ce pour quoi l'auteur est prêt à solliciter pardon, c'est de n'avoir pas davantage approfondi certains domaines, comme le labeur des femmes de naguère, leur rôle dans l'économie, leur vie affective et sexuelle, le sentiment maternel... Ayant fait le choix de garder pour cible une portion de territoire restreinte, les sources se sont trouvées, de fait, limitées, et les matériaux disponibles n'ont pas permis d'aller bien avant sur de telles questions. Pour le reste, advenant que quelqu'une soit choquée par ce qui est quelque part écrit dans cet ouvrage, à celle-là l'auteur souhaite dire, à la mode de jadis :
"... ce me seroit un très grand malheur, un déplaisir fort sensible, voire un ennuy extrême, que vous soyez à présent en colère contre moi pour vous avoir dict la vérité et tesmoigné mon entière loyauté. Il n'y a dans ma plume poinct de fallace, car n'ay poinct voulu être perfide cervelle.
Et je vous supplie, ma Dame, de croire que je serai éternellement votre serviteur.."
Un ouvrage de cette sorte tire d'abord profit de l'oeuvre de tous ceux qui, de façon plus ou moins intense, se sont penchés sur le même sujet ou des sujets proches, et notamment les Rouergats Henri Affre, Roger Béteille, Jean Delmas... et d'autres.
Mais ce livre est d'abord un assemblage de copeaux d'histoire locale. Pour leur découverte, leur emmagasinage, c'est d'abord à M Jean Delmas, Directeur des Archives départementales de l'Aveyron, que va notre gratitude. Toujours disponible pour que l'on profite de son incroyable connaissance du Rouergue, sachant être un orienteur savant et avisé vers des sources pétillantes, ou bien un docte formateur lorsque l'on bute sur la compréhension d'un sujet... il a, pour l'auteur, joué le rôle de principal mentor En lui disant merci, nous avons d'ailleurs le sentiment d'être l'interprète de nombre de généalogistes et de chercheurs appréciant – oh combien ! – qu'il soit si souvent présent en salle de lecture et si facilement accessible.
Ce livre a aussi tiré profit d'un mentor "de proximité", en la personne de Gilbert Imbert, qui mérite assurément mille mercis. La grande connaissance que cet ami a du pays Naucellois nous a été fort utile, évidemment, mais c'est surtout sa rigueur et la sûreté de son jugement qui nous ont été précieuses. Peut-être lui avons-nous demandé cent avis... et chacun peut le deviner; d'ailleurs, à la lecture de l'ouvrage.
Mais il n'est pas le seul à devoir être remercié. Il y a bien sûr le toujours positif Pierre Lançon, à la Société des Lettres de l'Aveyron, qui ne ménage jamais ses conseils, pas plus que son appui, comme chacun le sait. Il y a aussi Jacques Caro, qui nous a appris quantité de choses sur les habits et le textile de naguère. Il y a également P.-M. Marlhiac vers qui l'on se tourne toujours avec profit lorsqu'il s'agit de Sauveterre. Et, sans oublier Philippe Arnal, il faut ensuite citer toute cette équipe qui a fait le coeur et le muscle du Cercle généalogique du Rouergue, autour de Geneviève Saurel M.Mmes Gilles Sarraute, François Puech, Jacques Poulet, Mauricette Pouget-Trébosc, Thérèse Roumec... avec un merci particulier à Mme Francine Loubière, qui a consacré beaucoup de temps à une analyse, à nous destinée, de la paroisse de Carcenac-Salmiech.
Et il y a encore tous ceux et celles qui nous ont accueilli sur le territoire ségali, et tout d'abord Mme Tapié de Celeyran, au château du Bose, mais aussi M.Mme Gaston Alary aux Peyronies, MMme Gaston Lacombe à Lugan, M.Mme Corp aux Crouzets, et leurs enfants M.Mme Lacombe, Mme Raymond Maurel à Sauveterre, MMme Julia à Camjac. A tous, nous disons notre gratitude pour nous avoir permis de puiser faits ou illustrations dans les traces d'histoire de leur famille.
Il convient aussi de dire, et de répéter, combien a toujours été remarquable l'accueil que nous avons reçu pour nos recherches aux secrétariats des mairies de Quins, Camjac, Naucelle, Moyrazès... et d'adresser également un profond merci aux personnes des Archives départementales de l'Aveyron, de la Société des lettres de l'Aveyron, de la médiathèque de Rodez, de la bibliothèque de l'Institut catholique de Toulouse, que nous avons si souvent mises à contribution.
Et puis, lorsque le temps est venu de mettre au point l'ouvrage, nous avons recueilli auprès de Mme Anny Fraysse, à Naucelle, un lot de conseils particulièrement pertinents. De surcroît, sur certains sujets ou pour l'ensemble du livre, nous n'avons pas non plus hésité à prendre appui sur certains membres de notre famille, et particulièrement sur MMme Raymond Maurel.
Que ceux-là sachent combien est intense notre gratitude à leur endroit.
Et enfin, M Jean-Pierre Mazars, maire de Quins, et Mme Marie-Claire Foucras, nous ont une fois encore prêté main forte pour gérer l'opération de souscription. Nous les prions de bien vouloir accepter ici nos remerciements les plus vifs.
FIN
REPÈRES
QUELLES PREUVES À PROPOS D'IMPUISSANCE...
Au vu des différents livres de jurisprudence des temps d'Ancien Régime, il semble bien que l'Eglise, pour accepter de dissoudre un mariage pour cause d'impuissance, se soit longtemps contentée d'une déclaration des deux époux attestant sa non-consommation, les dires de ces époux étant simplement appuyés par des témoins de moralité se portant garant de la qualité de leur parole. Cela ouvrait la porte, évidemment, à des annulations de complaisance.
Aussi les preuves "physiques" sont-elles recherchées après que le concile de Trente ait installé de la rigueur dans les actes de l'Eglise. Un examen simple peut éventuellement apporter la preuve de la virginité de la femme ou de quelques uns des motifs d'impuissance chez l'homme. Mais la démonstration de "l'efficacité" du mâle, si elle s'avère nécessaire, est chose plus délicate. Les recueils de jurisprudence en parlent de façon ampoulée, tant il est difficile de rester bienséant en cette matière. La dignité ecclésiastique s'opposant à ce que ce type d'examen soit fait par des clercs, les tribunaux ecclésiastiques commettent donc pour ce faire des médecins et chirurgiens.
Pour rester simple, disons que cette "efficacité" tient en trois mots :
1- ériger
2- entrer
3- mouiller.
Il semble que pour le point 1, on laisse une certaine liberté au sujet pour apporter la preuve de ses capacités. Pour le point 2, la certitude est on ne peut plus délicate à obtenir, car l'épouse est en droit de refuser de servir de partenaire au milieu d'un corps d'observateurs, sans compter que la présence de ces observateurs peut aussi influer sur la performance ; or faire appel à une autre "opératrice" serait un 'péché. Il en est de même pour le point 3 : polluer autrement que pour procréer est un péché.
... Car Françoise s'est accrochée à faire valoir son droit. Si son mari est impuissant, elle n'y est pour rien, dit-elle. Elle est faite comme une autre et aussi capable qu'une autre. Elle ne se veut pas provocatrice, mais simplement libre. Son avocat est éloquent :
...ce cruel et cet ingrat, j'ai demeuré près de lui pendant sept années, mariée et néanmoins sans mari, j 'ai supporté ses imperfections, je l'eusse fait jusqu'au décès ; mais c'est lui qui m'a appelée en justice ; il a intenté l'action de divorce et m'a diffamée par tout le pays ; il est cause que j'ai rougi cent fois et cent fois à ce barreau ; il a trompé ma jeunesse, joui de mon service, ...chevi (—s'est rendu maître) de mes biens ; et non content de tout cela, après les avoir divizez et partagez... il a encore voulu par le moyen de cette accusation se rassasier de mon sang, m'avoir la vie, m'emporter l'honneur...
Des femmes, au temps des rois, subissant n'importe quel époux... ? Pas forcément ! Au bout du compte, le mariage fut dissous et l'un et l'autre des conjoints se pourvurent ailleurs.
Ce qui frappe, dans cette suite de procès, c'est moins la façon dont ils se sont enchaînés ou déroulés, que ce que l'on imagine de l'atmosphère qui les a entourés. Il y a quelque chose d'admirable à voir cette toute jeune femme, victime d'un mariage arrangé, prendre ainsi en main son destin.
Car Françoise de Cassagnes ne veut pas se soumettre à l'autorité masculine, dominante en ce temps-là, et c'est une attitude bien moins admise et moins aisée qu'à présent. Du côté des hommes, on a cherché à faire de cette jeune femme une coupable, et au-delà, à obtenir contre elle des sanctions la privant de ses biens et de sa liberté. Les accusations portées contre elle, comme les conseils qu'elle peut recevoir, vont dans le même sens. Ainsi, dans la relation qui nous est faite de son affaire, il est question d'un ecclésiastique de sa famille, qui fait équipe avec le mari pour la persuader de se rendre dans un cloître... Elle est toute ébahie qu'on ne lui parle que de la vie monastique et du bonheur de ceux qui la suivent. Ils se découvrent encore plus avant et luy font entendre qu'elle étoit incapable de mariage et que son meilleur seroit de consentir à la dissolution et de se faire religieuse ; qu'ils prendroint bien soin de ses biens et luy en feroint une bonne pension.
Oui mais... c'était oublier que Françoise de Cassagnes avait de la personnalité. Certains diront qu'il faut voit là l'effet de ses racines familiales, à Moyrazès, au Cayla, planté à levers (= à l'ubac), sachant que tout ço que nais à l'evers est rani (=tout ce qui pousse à l'ubac est rude, tenace, teigneux) ...à moins que d'autres n'y voient la conséquence de l'air dynamisant de Camboulazet. Au delà de telles pirouettes, on observe, lorsque l'on consulte les registres de tribunaux ou les livres de jurisprudence, que les personnes qui peuvent faire valoir leur droit à des niveaux de juridiction élevés comme l'était le Parlement de Toulouse, sont majoritairement de milieu aisé. Prospérité est mère de justice. Les temps présents nous ont assez appris qu'il n'y a rien de mieux que de créer de la prospérité pour voir s'accroître le champ de respect auquel chaque individu aspire.
Ici, la stature "économique" de Françoise était bonne. Elle était donc en situation de se battre. Elle avait aussi du caractère. Elle voulait reprendre sa liberté. Elle l'a fait.
Remerciements
Comme en écho à deux vers du sage Boileau :
"Sais-tu dans quels périls aujourd'hui tu t'engages?
Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages.."
l'auteur a eu le privilège d'être bien alerté : "...un livre sur les femmes ? Mais vous n'y pensez pas ! Rappelez vous ce mot célèbre... : parler aux femmes est assez facile, mais en parler est devenu bien difficile." D'aucunes, en effet, ont prévenu qu'elles se plaçaient en embuscade : "...hum... un homme qui écrit sur les femmes... On se méfie... Faites bien attention à ce que vous allez dire !"
Ce pour quoi l'auteur est prêt à solliciter pardon, c'est de n'avoir pas davantage approfondi certains domaines, comme le labeur des femmes de naguère, leur rôle dans l'économie, leur vie affective et sexuelle, le sentiment maternel... Ayant fait le choix de garder pour cible une portion de territoire restreinte, les sources se sont trouvées, de fait, limitées, et les matériaux disponibles n'ont pas permis d'aller bien avant sur de telles questions. Pour le reste, advenant que quelqu'une soit choquée par ce qui est quelque part écrit dans cet ouvrage, à celle-là l'auteur souhaite dire, à la mode de jadis :
"... ce me seroit un très grand malheur, un déplaisir fort sensible, voire un ennuy extrême, que vous soyez à présent en colère contre moi pour vous avoir dict la vérité et tesmoigné mon entière loyauté. Il n'y a dans ma plume poinct de fallace, car n'ay poinct voulu être perfide cervelle.
Et je vous supplie, ma Dame, de croire que je serai éternellement votre serviteur.."
Un ouvrage de cette sorte tire d'abord profit de l'oeuvre de tous ceux qui, de façon plus ou moins intense, se sont penchés sur le même sujet ou des sujets proches, et notamment les Rouergats Henri Affre, Roger Béteille, Jean Delmas... et d'autres.
Mais ce livre est d'abord un assemblage de copeaux d'histoire locale. Pour leur découverte, leur emmagasinage, c'est d'abord à M Jean Delmas, Directeur des Archives départementales de l'Aveyron, que va notre gratitude. Toujours disponible pour que l'on profite de son incroyable connaissance du Rouergue, sachant être un orienteur savant et avisé vers des sources pétillantes, ou bien un docte formateur lorsque l'on bute sur la compréhension d'un sujet... il a, pour l'auteur, joué le rôle de principal mentor En lui disant merci, nous avons d'ailleurs le sentiment d'être l'interprète de nombre de généalogistes et de chercheurs appréciant – oh combien ! – qu'il soit si souvent présent en salle de lecture et si facilement accessible.
Ce livre a aussi tiré profit d'un mentor "de proximité", en la personne de Gilbert Imbert, qui mérite assurément mille mercis. La grande connaissance que cet ami a du pays Naucellois nous a été fort utile, évidemment, mais c'est surtout sa rigueur et la sûreté de son jugement qui nous ont été précieuses. Peut-être lui avons-nous demandé cent avis... et chacun peut le deviner; d'ailleurs, à la lecture de l'ouvrage.
Mais il n'est pas le seul à devoir être remercié. Il y a bien sûr le toujours positif Pierre Lançon, à la Société des Lettres de l'Aveyron, qui ne ménage jamais ses conseils, pas plus que son appui, comme chacun le sait. Il y a aussi Jacques Caro, qui nous a appris quantité de choses sur les habits et le textile de naguère. Il y a également P.-M. Marlhiac vers qui l'on se tourne toujours avec profit lorsqu'il s'agit de Sauveterre. Et, sans oublier Philippe Arnal, il faut ensuite citer toute cette équipe qui a fait le coeur et le muscle du Cercle généalogique du Rouergue, autour de Geneviève Saurel M.Mmes Gilles Sarraute, François Puech, Jacques Poulet, Mauricette Pouget-Trébosc, Thérèse Roumec... avec un merci particulier à Mme Francine Loubière, qui a consacré beaucoup de temps à une analyse, à nous destinée, de la paroisse de Carcenac-Salmiech.
Et il y a encore tous ceux et celles qui nous ont accueilli sur le territoire ségali, et tout d'abord Mme Tapié de Celeyran, au château du Bose, mais aussi M.Mme Gaston Alary aux Peyronies, MMme Gaston Lacombe à Lugan, M.Mme Corp aux Crouzets, et leurs enfants M.Mme Lacombe, Mme Raymond Maurel à Sauveterre, MMme Julia à Camjac. A tous, nous disons notre gratitude pour nous avoir permis de puiser faits ou illustrations dans les traces d'histoire de leur famille.
Il convient aussi de dire, et de répéter, combien a toujours été remarquable l'accueil que nous avons reçu pour nos recherches aux secrétariats des mairies de Quins, Camjac, Naucelle, Moyrazès... et d'adresser également un profond merci aux personnes des Archives départementales de l'Aveyron, de la Société des lettres de l'Aveyron, de la médiathèque de Rodez, de la bibliothèque de l'Institut catholique de Toulouse, que nous avons si souvent mises à contribution.
Et puis, lorsque le temps est venu de mettre au point l'ouvrage, nous avons recueilli auprès de Mme Anny Fraysse, à Naucelle, un lot de conseils particulièrement pertinents. De surcroît, sur certains sujets ou pour l'ensemble du livre, nous n'avons pas non plus hésité à prendre appui sur certains membres de notre famille, et particulièrement sur MMme Raymond Maurel.
Que ceux-là sachent combien est intense notre gratitude à leur endroit.
Et enfin, M Jean-Pierre Mazars, maire de Quins, et Mme Marie-Claire Foucras, nous ont une fois encore prêté main forte pour gérer l'opération de souscription. Nous les prions de bien vouloir accepter ici nos remerciements les plus vifs.
FIN
« S'il fallait étudier toutes les lois, on n'aurait pas le temps de les transgresser.»
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