A propos de Jules Ferry

[Invité]

Bonsoir a tous, une question me turlupine l'esprit. Cette question est la suivante
La colonisation pour Jules Ferry est elle vitale pour la France?
Merci de répondre et bonne soirée!

[Invité]

Le terme "vitale" est assez ambigu, si tu veux une réponse précise, tu ferais mieux de l'expliciter. Ce que je peux te dire en tout cas de l'attitude de Jules Ferry face à la colonisation, c'est qu'il en est un ardent défenseur, ce qui va l'opposer de manière violente à Clemenceau. Il en est un défenseur au nom de la grandeur de la France mais aussi au nom d'une oeuvre civilisatrice. Il développe donc des arguments de deux types:
-la colonisation offre des débouchés importants pour la France, peut participer de sa prospérité économique...
-la France ferait oeuvre civilisatrice en aidant les colonies à se développer
En ce sens, la colonisation lui apparaît peut-être vitale pour la France au sens où il la défend au nom d'idéaux nationaux que l'on peut supposer sincères. Mais si tu veux te faire ta propre idée sur la question, lis son discours à la Chambre sur la colonisation, qui lui a valu les foudres de Clemenceau.

[Marquis de Chambonas]

J'ose juste apporter un complément au bon résumé d'Eléonore. La colonisation est aussi pour une france républicaine issue de la défaite de 1870 face à la future Allemagne de redorer le blason national. La France redevient une nation conquérante et victorieuse. De plus elle participe à un mouvement général de tous les pays européens qui recherchent des colonies et aussi des points d'attaches pour leurs marines. C'est une forte concurrence qui débouchera même plus tard sur plusieurs accidents dont celui de Fachoda avec le Royaume Uni.

Voici une petit lien qui retrace les deux discours de Clémenceau et de Ferry : http://perso.wanadoo.fr/felina/doc/colo ... enceau.htm

Et voila un extrait des deux discours qui montrent deux visions assez différentes du monde :
Ferry : " Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l'écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l'Afrique ou vers l'Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c'est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième."

Clémenceau : "Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence, l'hypocrisie. »

[Marquis de Chambonas]

Et puis Clémenceau, toujours par une petite phrase, trouve toujours le bon argument : "L'Angleterre est une ancienne colonie française, qui a mal tourné."
Vu comme cela, la colonisation...